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Les malheurs d'Ali, deuxième partie

Le fort de Yirlat est une construction militaire de briques d'argile, séchées et blanchies au soleil brûlant du Al Khaz. Les Khazrajites venaient faire paître leurs troupeaux à cette oasis jusqu'à ce que le roi de Khauran décide d'y placer un fort afin de taxer les caravanes qui y passent. Après des combats dévastateurs entre khauraniens & khazrajites le fort jouit d'un relative tranquilité, les nomades se rendant compte qu'ils avaient plus intérêt à attaquer les nombreuses caravanes qui traversent le désert. Et maintenant la solde des mercenaires escortant les marchands engloutit la quasi totalité des taxes qui leur sont prélevées.

Haram va payer en gromelant la taxe avec son ami Ali et disparaît dans un petit bâtiment administratif. En attendant la nuit, Altaïr, Daruk Diogo & Ergen vont dans la taverne du fort. Ils sont abreuvés de vin aux épices de Zamora, de vin de cactus et de bière, sauf Daruk qui s'en tient au thé. Ergen lie conversation avec trois marchands turaniens, de gros hommes au rire gras et aux vêtements multicolores, qui lui apprennent qu'un groupe d'une vingtaine d'esclaves en fuite a été croisée il y a plus d'une semaine. Ils se dirigeaient vers le nord-est du désert, et étaient d'extraction kothienne. Des gladiateurs si l'on en croit leur accoutrement. Le coin a mauvaise réputation auprès des locaux. Un peu plus tard un sinistre personnage du nom de Ras, probablement un esclavagiste, a fait halte avec ses hommes dans le fort pour partir ensuite dans le nord-est également souhaitant les rattraper.

L'après midi passe tranquillement, avec les blagues salaces de Diogo, les rires des turaniens, et se termine avec un repas de qualité déplorable dans la cantine du fort. Au moment de retourner au caravanserail pour la nuit surgissent comme poursuivis par un démon deux cavaliers, un homme, Azam, et une femme, muette, Jamila. La beauté de Jamila est digne de poèmes. Azam a celle du diable. Après une discussion houleuse avec Eskaros le commandant du fort tous les membres des caravanes sont ejectés de celui-ci, et un jeune capitaine, Kilij Arshak, annonce que la caravane partira le lendemain, avec une escorte réduite, mais de qualité, dit-il en se souriant à lui-même.

C'est plein de question que tout le monde retourne à sa caravane, sauf Diogo qui rend visite à Dorsa Atlasi, une jeune Zingarienne venue gagner de l'argent pendant quelques mois avant de continuer son chemin vers Turan. Contre quelques pièce d'or, il apprend que les deux mystérieux cavaliers se sont présentés comme deux amants, fuyant le père de la jeune fille, un terrible guerrier du clan Al Jafari, de la tribu Bahram. Content des services rendus Diogo propose à la jeune fille une opportunité professionnelle dans Le Trone de Fer, la taverne qu'il dirige avec Daruk.

Le lendemain matin la caravane part du fort, direction Eshnunna, sous la garde d'une quarantaine de lanciers dirigés par le capitaine Kilij Arshak qui avance fièrement à la tête du convoi d'une centaine de chameaux.

Au début de l'après midi du deuxième jour Ergen perçoit six cavaliers nomades qui observent le convoi du haut d'une dune. Ils sont drapés dans des robes du désert aux tons passés, portant des arcs courts et des cimeterres. Kilij donne l'assaut avec six lanciers, les khazrajites fuient. Il revient avec un air de supériorité qui ne rassure finalement personne : il ne s'agissait que d'éclaireurs. Au soir le terrible vent du désert, Al Tawir, souffle. Les marchands sont inquiets : depuis deux semaines les tempêtes sont fréquentes et violentes, ce qui n'est pas habituel en cette saison. Les quatre de Dadûn achètent des kandureh pour se protéger à Haram, qui a peut-être réalisé une bonne opération commerciale, ou peut-être pas, personne ne le sait. Le camp est établi entre deux rocs effondrés, formant une cuvette appelée Dihen Ben. La nuit est agitée. Le vent souffle rendant toute conversation impossible, les tentes sont mises à rude épreuve malgré la protection des rochers, et au milieu de la nuit une dizaine d'hommes nus ou presque, avec d'étranges colliers d'yeux, d'oreilles, de main ou d'autres parties de corps humains, attaquent le camp au plus fort de la tempête.

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Altaïr protège Jamila qu'un sauvage enlevait. Diogo essaie de sortir de sous sa tente, mais s'emmêle les pieds dedans et passera la totalité du bref combat à essayer de s'en dépétrer. Daruk voit un premier coup de hache dévié par le vent qui décidemment souffle très fort, manquant de blesser Jamila, mais le deuxième trouve son chemin et il abat un sauvage. Un deuxième assaillant se rue vers son compagnon, et commence à se nourrir sur lui, léchant le sang, et mordant les berges de la plaie laissée par la hache de Daruk. Altaïr décapite proprement, à l'aide du sabre d'Edmur, le fou. La tête roule sur le sable, poussée par le vent.

Azam est reconnaissant envers les quatre compagnons, et leur explique son amour pour Jamila, leur départ ensemble, leur fuite devant le père de la petite, un sauvage Al Jafari qui la maltraitait. Néanmoins Ergen note une aura de magie subtile autour de la belle muette, et Altaïr remarque les plaies terribles sur les deux sauvages tués par le jeune bellâtre. Ce n'était pas une belle mort. D'une part Azam est un redoutable bretteur, d'autre part il prend plaisir à faire souffrir. Parmi les cadavres des sauvages se trouvent au moins deux kothiens, esclaves si l'on en croit les marques à la base de leurs cous.

C'est au troisième jour que la catastrophe arrive.

Les khazrajites du clan Al Jafari ont rattrapé la caravane, et lancent un assaut avec environ 300 hommes. Malgré leur courage les lanciers sont décimés, seul Kilij est maintenu en vie, mais salement blessé. Leurs prouesses auront au moins permis à Azam et Jamila de s'enfuir, vers le nord est. Altaïr tue trois hommes à lui seul, Daruk trois également, Diogo saute de chameau en chameau et se débarrasse de quatre nomades, Ergen utilise sa magie pour venir à bout de trois assaillants. Mais à la fin de la bataille ils se retrouvent entravés, sans armes, armure ni bottes, assis dans le sable. Kilij est offert au soleil, son corps tendu entre quatre poteaux fixés dans le sable. Il est solide, mais ses blessures et le soleil qui le cuit devrait rapidement venir à bout de sa constitution. Haram est bien traité : il est riche et des puissants verseront une bonne somme d'argent pour son retour. Ali est menacé, mais finalement laissé tranquille, pour le moment.

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Le Shaykh Muleh Al Jafari, chef du clan Al Jafari, presse ses hommes d'aller chercher Jamila & Azam. Mais les khazrajites, courageux parmi les plus courageux, refusent d'aller au nord-est de peur d'attirer la colère d'un puissant démon, dont les tempêtes récentes seraient la manifestation. Sous la proposition de Diogo, il leur propose le marché suivant : aller chercher Jamila sa petite-fille, envoûtée par ce serpent de Azam, qui s'est enfuit en tuant le frère de la jeune femme. Contre Jamila il laissera Kilij, s'il est encore en vie, et Ali repartir avec eux, les amenant à Eshnunna. Contre la tête de Azam, en plus, il serait capable d'y mettre les formes.

C'est montés sur des chameaux, guidés par des chameliers terrifiés à l'idée de partir vers cette région du Al Khaz, que les héros quittent Ali en mauvaise posture. Derrière eux les vautours volent en cercle au-dessus des cadavres de leurs infortunés compagnons de voyage.