Le palais du levant
Selon Flavio, la façon la plus simple d'arriver au palais est de passer par un souterrain menant du célèbre bordel de Su Lai à la chambre du sultan.

La population d'Aghrapur est terrifiée par le deuxième événement mystérieux en quelques heures. Les gens crient, courent, se cachent, se pressent aux temples. La maison de Su Lai est plutôt calme ce midi. L'accueil est cordial, Flavio est connu. Su Lai est un petit asiatique rondouillard qui a été épargné par les purges touchant les khitans. Une courte discussion ouvre l'accès aux étages inférieurs.
L'escalier de marbre descend vers une grande pièce, bien plus grande que la maison au-dessus. Partout un tapis rouge étouffe les bruits de pas. Les murs sont en marbre également. De simples portes lourdes en bois, sans inscription, s'ouvrent de part et d'autre des larges couloirs qui partent de la pièce centrale. Flavio vous explique qu'il y a des niveaux inférieurs. Leur nombre n'est pas connu. A mesure que l'on s'enfonce dans le sol d'Aghrapur les distractions sont plus chères, plus exclusives. Il a connu un homme qui dit être allé au cinquième sous-sol. Une femme s'est vantée dans une taverne d'avoir travaillé au douzième. On ne l'a plus revue depuis lors.
Pendant cinq minutes le groupe suit Flavio, qui traverse des couloirs, prend des directions, semble parfois revenir sur place. Puis il pousse une porte et entre dans une chambre. La pièce est pavée de marbre, on y trouve un grand lit confortable, une baignoire luxueuse et des outils de jardinage au mur. L'actionage d'une cisaille permet d'ouvrir avec un clic étouffé un pan de mur. Derrière celui-ci, un escalier descend encore.
Les événements qui ont eu lieu durant la traversée de ce souterrain s'étendant entre la maison de Su Lai et la chambre du sultan ne méritent pas d'être racontés. Les aventuriers en sortent directement dans la chambre du sultan, une petite chambre très propre, avec de lourds tapis turaniens au sol qui donnent l'impression de marcher sur des nuages. Flavio explique que toute l'aile du palais comprenant la chambre et la salle du trône peut être condamnée en actionnant un levier, de l'autre côté de la salle du trône.
Diogo s'avance donc sans un bruit dans le grand espace, se dirigeant vers le levier en question, bien visible sur le mur d’en face. La salle est pavée d'une mosaïque représentant la puissante flotte marchande de Turan, voguant sur la Vilayet. A sa gauche le trône est une immense pièce de marbre, avec des coussins pour le confort. Il est enfoncé dans une alcôve dont les parois se resserrent, ce qui permet à celui qui y siège de paraître beaucoup plus grand.
Sur le balcon, à sa gauche, se trouve Jakilo, grand, maigre, la peau grisâtre entourée d’un halo vert. A ses côtés se trouvent deux silhouettes grassouillettes, connues pour être les exécutrices du tyran. Il lève les bras et harangue la foule : le conseil secret de la révolution a voté la mort du sultan. A genoux, la tête sur un billot, Yezadig sanglote.
Malheureusement Diogo fait tomber une de ses dagues après avoir glissé sur la mosaïque. Le bruit résonne dans toute la salle. Les deux exécutrices se lancent vers Diogo, Jakilo se tourne vers lui, deux gardes Kadar arrivent en courant.
Altaïr court vers le levier condamnant l'accès à la salle du trône afin d'interrompre le flux de cousins Kadar. Il tue dans sa course deux gardes rouquins, et plusieurs d'entre eux tentent de le culbuter en se jetant sur lui, mais rien ne paraît pouvoir l'ébranler, rien jusqu'à ce que Jakilo lui fasse sentir la puissance de son regard. Altaïr, terrifié, reste impuissant durant plusieurs minutes, prenant les coups des gardes et des exécutrices.
Le sorcier lance ensuite des rayons d'énergie verte vers Daruk et Ergen, mais ils sont trop vifs pour être touchés. Par contre Diogo échoue à résister à la magie ancienne et perd la vue pendant un temps qui lui paraît très long. Daruk taille à travers la masse humaine pour atteindre Jakilo et mettre fin à la bataille, mais le mur protecteur de cousins Kadar se reforme sans cesse, arrivant par le couloir dont la porte reste ouverte, son levier protégé par les alliés de l'usurpateur. Ergen va au contact sous la forme d'un ours et se débarrasse promptement de plusieurs cousins, mais d'autres arrivent sans cesse.
Néanmoins, Altaïr reprend ses esprits, ferme la porte et isole la salle du trône. Jakilo, malgré sa magie qui a failli emporter Ergen et Diogo, succombe sous les dagues de ce dernier.
Le combat continue sans enjeu, les aventuriers n'étant plus gênés par Jakilo. Yezadig est libéré, se redresse, et remercie Flavio, le chef de la résistance. Il lui promet des terres, des titres, de l'or. L'ancien garde champêtre de Dadûn saigne abondamment d'une blessure au flanc et sent sa vie lui échapper. Il se dirige vers le cadavre desséché de Jakilo et y plonge la lame de sa dague au pommeau d'ivoire représentant un tigre. Il reprend sa dague, enlève difficilement son armure et laisse voir un grand tatouage de tigre lui couvrant tout le tronc. Il s'approche du sultan légitime en titubant, laissant un flaque de sang au sol à chacun de ses pas.
Arrivé dans ses bras ouverts, il plonge sa dague dans le cœur du souverain. Il crie alors "Le sang de deux rois pour Kiki ! Une nouvelle vie pour Kiki !", et court vers le balcon pour s'y jeter. Altaïr a la possibilité de réagir mais étonnamment ne fait rien. Peut-être est-il touché par la grâce de Kiki et les signes annonciateurs de son arrivée, le deuxième soleil, le rayon de terre vers le ciel ? Peut-être est-ce l'emprise de la philosophie khitan du non-agir ? Peut-être aussi est-il simplement fatigué ? Quoi qu'il en soit, Flavio saute en contrebas et meurt à son arrivée dans le bassin peu profond vingt mètres plus bas. Des complices se lancent dans l'eau pour récupérer la précieuse dague dont les sangs mêlés de deux rois leur permettrait de réveiller Kiki.
Les troubles en Turan, maintenant sans dirigeant, auront des conséquences terribles dans cette partie du monde. Le lever d'un deuxième soleil sera responsable de période de sécheresse et de famine qui feront périr des milliers de personnes. Le culte de Kiki prendra de la force avec le temps, jusqu'à devenir un facteur d'instabilité dans de nombreuses villes.
C'est cachés dans du foin, à l'arrière d'un chariot, que les aventuriers quittent Turan et se dirigent vers Valadelad.
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